La cité de Dieu....................................................... Histoire

 

 

Années 60. Gamin de onze ans, Fusée habite la Cité de dieu, une banlieue pauvre de Rio. Son grand frère vit de chapardages et se retrouve mêlé à un meurtre sordide. Petit Dé admire le gang de Tignasse et rêve de devenir le roi du quartier.

Années 70. Petit Dé prend en charge le trafic de drogue avec la complicité de Bené. Paranoïaque, le caïd souhaite se débarrasser des autres dealers. Plus sentimental, Fusée tombe amoureux de la jolie Bérénice.

Années 80. Petit Dé devenu Petit Zé règne sur un empire de la drogue. Il ne tolère plus la moindre résistance et viole la compagne de Manu Tombeur. Ce dernier s'allie avec Carotte pour se venger. Fusée devient le témoin privilégié de cette guerre urbaine.

 

La guerre des clans dans une favela brésilienne, si beau soit son nom de “Cité de Dieu”, ne devrait pas mériter d’être portée à l’écran. Pourtant, lorsqu’elle est présentée avec talent, d’une manière originale et avec une conclusion pleine d’espoir, il vaut la peine de réviser son jugement.

Deux gosses, l’un violent et l’autre trop réservé et sensible pour l’être. Le premier, “Ze Pequeno” va connaître une ascension fulgurante dans le monde de la drogue. De petit gangster, il va devenir un des chefs les plus craints de la favela. Il bâtira sa réputation sur le fait qu’il ne connaît aucune limite dans la barbarie. Le second, “Fusée”, restera en retrait, observateur discret rêvant de devenir photographe.

 

 

“La Cité de Dieu” de Fernando Meirelles, est un film construit sur la base du roman éponyme de Paulo Lins et la richesse des détails trahit le fait qu’il s’agit d’une histoire vraie. Nous suivons les personnages au travers de trois époques traitées avec les caractéristiques qui leurs sont propres : les chaudes images des sixties, les effets de lumières scintillantes “disco” des années “70”, et la photographie froide, hypercontrastée des années “80”.

Formidablement construit, le film s’ouvre sur un séquence d'anthologie qui à elle seule vaut le déplacement. Sur une musique brésilienne rythmée par les bruits d’une lame que l’on aiguise, un poulet assiste, effrayé, au traitement que subi un de ses congénères : gorge tranchée, il est déplumé puis vidé de ses entrailles. Le poulet n’en pouvant plus va prendre la fuite et entammer une course désespérée à travers les ruelles tortueuses de la favela. La caméra, braquée tour à tour sur le volatile et ses poursuivants, se met à leur hauteur, ce qui donne une impression de vitesse et d’agitation extraordinaire. Le suspens lié à cette folle poursuite est associé à un découpage acrobatique qui confère une dynamique époustouflante à l’ensemble.

La narration tire son originalité du fait qu’elle est basée sur une série de flashes back. Ceux-ci s’emmanchent les uns aux autres au fur et à mesure qu’apparaissent de nouveaux protagonistes. Cela constitue, à chaque fois, un nouveau chapitre qui pourrait être vu pour lui-même mais qui, dans ses liens avec les autres, prend un sens différent, souvent lourd de conséquences.

La violence est partout dans ce film au point que le spectateur en a la nausée. Il est insupportable de voir comment des gosses, âgés de six ans seulement, déclarent sans sourciller, qu’ils ont volé, pillé, tué et comment, glorifiés par ces exactions, ils revendiquent d’être pris pour des hommes. Le fait qu’ils le disent est déjà effrayant, mais quand le spectateur les voit à l’oeuvre, il reste ébahi, tétanisé sur son siège.

Tragiques aussi sont ces images où l’on voit des maffieux, juste avant le combat, réciter le “Notre Père” en en changeant les paroles : “ta” volonté devient “notre” volonté...

Heureusement, à côté de la noirceur des turpitudes de ce monde sans pitié, on devine que d’autres voies que la violence sont possibles, en particulier celle que va suivre “Fusée”. Ce film est une espèce de fable qui fait l’apologie, sans dogmatisme, de la justice, du travail et du courage. L’avenir est donc lumineux pour les hommes et les femmes de bonne volonté.